Energie & éco-construction

Comment le secteur du bâtiment doit se réinventer devant les épisodes de sécheresse ?

Par Clémentine , le 20 juin 2023 - 7 minutes de lecture
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Avec le changement climatique, les périodes de sécheresse deviennent de plus en plus fréquentes et intenses. L’année 2022 a été une des années les plus chaudes jamais enregistrée. Les propriétaires de bâtiments, professionnels de la construction et urbanistes doivent donc adapter leurs approches pour rendre les bâtiments plus résistants et résilients à ces conditions météorologiques extrêmes. Voyons ici comment le secteur du bâtiment compte s’adapter au changement climatique pour améliorer la résilience des bâtiments face aux périodes de sécheresse, en tenant compte des réglementations, des matériaux et des techniques de construction.

Conséquences de la sécheresse sur les bâtiments et sols argileux

Effets sur les fondations

En 2022, de nombreuses habitations en France construire sur des sols argileux ont connu d’importants problèmes de fissure, provoquant des dommages importants sur les structures. En effet, les périodes de sécheresse provoquent une évaporation rapide de l’eau contenue dans le sol, entraînant un retrait et un gonflement différentiel du sol argileux. Ce phénomène peut causer des fissures ou même un effondrement des fondations des bâtiments, compromettant leur sécurité et leur durabilité.

Phénomène de retrait-gonflement

Le retrait-gonflement est un processus naturel qui se produit lorsque le sol argileux se contracte lorsqu’il perd de l’eau (retrait) puis se dilate lorsqu’il en regagne (gonflement). Ce phénomène peut engendrer des déformations importantes au niveau des ouvrages, mettant en jeu leur stabilité et leur intégrité structurelle.

Implications pour la sécurité et la durabilité

Les conséquences du phénomène de retrait-gonflement peuvent être graves : fissuration des murs, affaissement des planchers, rupture des canalisations… Les risques pour la sécurité des occupants et la durabilité des bâtiments sont réels. Il est donc primordial de prendre en compte ces problématiques dès la conception des ouvrages.

Matériaux de construction résistants à la sécheresse

Pour faire face à ces événements climatiques extrêmes, il faut s’adapter dès la construction d’un bâtiment, en utilisant les matériaux adéquats. Les constructions les plus durables ont démontré à plusieurs reprises que certains matériaux biosourcés sont plus adaptés à ces aléas climatiques. Voici quelques exemples :

  • Les briques en terre cuite. Il s’agit d’un excellent choix pour adapter les constructions aux sécheresses. Elles présentent une bonne résistance mécanique et thermique, tout en étant perméables à la vapeur d’eau. Elles permettent ainsi de réguler naturellement l’humidité intérieure des bâtiments.
  • Les blocs de béton cellulaire. Ils sont légers, résistants et isolants. Ils offrent une excellente protection contre les variations de température et d’humidité, ce qui en fait un matériau idéal adapté aux périodes de sécheresse.
  • D’autres matériaux naturels sont plus résilients à la sécheresse. Citons le bois, la pierre naturelle, le béton armé ou encore les panneaux isolants en fibres de bois. Le choix du matériau doit être guidé par les contraintes géotechniques et climatiques spécifiques au site de construction.

Techniques de construction pour une meilleure résilience face à la sécheresse

Outre les conséquences sur les fondations et la structure même du bâtiment, les périodes sécheresses nuisent au confort thermique d’une habitation, et créent des situations de stress hydriques pour les régions concernées. Les bâtiments doivent donc s’adapter.

Fondations adaptées

Il est crucial d’adapter les fondations des bâtiments aux conditions géotechniques locales. Des solutions telles que les pieux, les semelles filantes ou les radier peuvent être envisagées pour minimiser les effets du retrait-gonflement du sol argileux.

Ventilation naturelle et isolation thermique

La ventilation naturelle et une bonne isolation thermique contribuent à maintenir un confort optimal à l’intérieur des bâtiments durant les périodes de sécheresse. Une conception bioclimatique permettra également de tirer parti des ressources naturelles (soleil, vent) pour minimiser l’utilisation d’énergie. Depuis peu, on voit aussi l’utilisation de peintures blanches spéciales à appliquer sur les toits pour refléter les rayons du soleil, permettant de gagner jusqu’à 5° à l’intérieur d’un bâtiment.

Récupération d’eau de pluie et gestion de l’eau

La récupération d’eau de pluie, le stockage dans des cuves et l’utilisation de drains permettent de réduire la consommation d’eau et d’atténuer les effets de la sécheresse. L’arrosage des espaces verts doit être optimisé pour limiter l’évaporation et favoriser la rétention d’eau dans le sol.

Aménagement paysager et solutions vertes pour atténuer les effets de la sécheresse

  • Planter des arbres et des plantes adaptées aux conditions de sécheresse. Cela permet de créer un environnement plus résilient face au changement climatique. Ces végétaux contribuent à maintenir l’humidité du sol, tout en offrant une protection contre l’érosion et les îlots de chaleur urbains.
  • Les toitures et murs végétalisés. C’est une solution écologique pour améliorer le confort thermique des bâtiments, retenir les eaux de pluie et limiter les effets néfastes de la sécheresse.
  • L’utilisation de revêtements perméables (gravier, pavés poreux) favorise l’infiltration de l’eau dans le sol, réduisant ainsi les risques d’érosion et de ruissellement. Ces matériaux sont particulièrement adaptés aux zones où le sol est peu perméable ou sujet à un fort retrait-gonflement.

Réglementations et normes pour la construction en zones à risque de sécheresse

Études géotechniques

Afin d’assurer la sécurité et la pérennité des constructions, il est obligatoire de réaliser une étude géotechnique préalable dans les zones à risque de retrait-gonflement et de sismicité. Cette étude permet d’évaluer les caractéristiques du sol et sa capacité à supporter les charges imposées par le bâtiment.

Zones de sismicité et de retrait-gonflement

Les zones à risque sont déterminées par des cartes géologiques et réglementaires. Elles tiennent compte des aléas liés aux sols argileux, aux mouvements sismiques et aux autres phénomènes naturels susceptibles d’affecter la stabilité des constructions. Les phénomènes de sismicité de sont pas à prendre à la légère : le 16 juin dernier, l’ouest de la France a été touchée par un séisme d’une magnitude de 5,8, un des plus puissants enregistré dans le pays.

Exigences pour les maîtres d’ouvrage et les professionnels du bâtiment

Les maîtres d’ouvrage et les professionnels du bâtiment doivent respecter les exigences réglementaires en matière de construction en zones à risque. Ils doivent notamment veiller à ce que les matériaux utilisés soient adaptés aux conditions climatiques spécifiques et aux contraintes géotechniques.

Face aux défis posés par les périodes de sécheresse, il est essentiel d’adapter nos bâtiments, nos techniques de construction et notre aménagement paysager pour assurer leur résilience. Les solutions présentées dans cet article permettent de répondre à ces enjeux, en tenant compte des contraintes géotechniques, réglementaires et environnementales spécifiques aux zones concernées. En anticipant les impacts du changement climatique sur nos constructions, nous contribuons à bâtir un avenir plus sûr et durable pour tous.

Clémentine

Clémentine travaille pour un Bureau d’Étude Thermique (BET). Écologiste dans l’âme, sa mission est de favoriser la transition et de la rénovation énergétique de l’habitat. Elle participe activement à la réduction de l’empreinte environnementale des logements.