Energie & éco-construction

La toiture chaume en écoconstruction

Par Clémentine , le 23 avril 2022 - 4 minutes de lecture
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Si la construction écologique va parfois s’appuyer sur des matériaux technologiques et dernier cri, le retour aux sources peut également être une excellente idée pour construire autrement. Un exemple ? Le toit de chaume, qui est une toiture millénaire, mais toujours d’actualité. Voyons ensemble comment cette toiture biosourcée permet de réaliser des constructions écologiques.

Le principe du toit de chaume

Si le toit de chaume gagne à être démocratisé dans la construction écologique, c’est tout simplement, car il s’agit du revêtement de toiture le moins polluant qui soit.

Toiture déjà utilisée en Égypte antique, la couverture chaume est réalisée à partir de végétaux séchés et liés entre eux. Les bottes de chaume sont généralement fabriquées à partir de joncs de roseaux ou de paille de seigle.

Si ces matériaux ne sont pas étanches naturellement, ils le deviennent quand ils sont liés sous forme de bottes de chaume denses. Le toit de chaume est également rendu étanche grâce à une pente de toiture de 40° minimum, qui assure le parfait écoulement des eaux de pluie… le tout sans avoir besoin de gouttière.

Les caractéristiques écologiques d’une couverture chaume

En matière d’écoconstruction, le Graal est le matériau biosourcé, à savoir un matériau de construction entièrement d’origine biologique. Et en la matière, il n’y a pas besoin de brevets ni de recherches pour montrer que le chaume de toiture fait partie de ceux-là !

Différents éléments rendent le chaume particulièrement pertinent dans un projet d’écoconstruction :

  • C’est un matériau biosourcé. Il est donc entièrement renouvelable (le roseau ou le blé poussent très facilement) et très peu polluant à produire. Sauf exception, la production des bottes de chaume ne nécessite pas de produits chimiques.
  • Le chaume est également un matériau léger. Même s’il doit être importé (ce qui n’est pas toujours le cas), son transport est donc assez peu polluant. On notera qu’on peut notamment trouver du chaume en Camargue, mais aussi aux Pays-Bas. Il n’est donc pas produit à l’autre bout du monde.
  • Il s’agit de la seule toiture 100 % recyclable, ou plutôt compostable. Ce toit est le seul qui ne crée pas de déchets !
  • Sa durée de vie est de 40 à 60 ans en moyenne. C’est équivalent, voire supérieur, à la durée de vie d’une couverture en tuiles.
  • Le chaume est un isolant. Si on applique au moins 30 à 40 centimètres de chaume, on bénéficiera d’une excellente isolation acoustique et phonique.

Au global, construire en chaume est une excellente idée d’écoconstruction. On notera par ailleurs que c’est une toiture qui respire. Elle s’accorde donc bien avec la rénovation de bâtiments anciens (bâtiments en pierre, chaumières, fermes), mais aussi avec les constructions en ossature bois.

Le prix d’une toiture en chaume

Reste néanmoins à évoquer l’élément qui peut rendre cette toiture écologique moins attirante : le prix. Une toiture en chaume va coûter entre 210 et 250 euros par mètre carré dans le cadre d’une rénovation, et son prix d’entretien est situé entre 18 et 30 euros du mètre carré (sources : DSD Rénov).

Ainsi, concevoir un toit de chaume va exiger au minimum 20 000 euros. Ce coût élevé est dû au manque de couvreurs chaumiers en France, ainsi qu’à la lenteur de réalisation d’une telle toiture.

En contrepartie de ce budget, vous disposez néanmoins d’une toiture écologique, 100 % recyclable et isolante. Autre atout en construction : ce toit léger peut être posé sur une charpente mince… De quoi faire quelques économies sur le prix du bois de charpente !

Prenez néanmoins en compte les frais liés à l’entretien d’un toit de chaume, qui doit être réalisé tous les 3 à 5 ans environ (il s’agit notamment de démousser la toiture et de remplacer les bottes de chaume abîmées).

Si ce revêtement de toit reste assez peu courant en France, on peut imaginer que l’essor de l’écoconstruction va participer à son regain de popularité. Dans tous les cas, si vous cherchez la toiture la plus écologique qui soit, il sera difficile de faire mieux…

Clémentine

Clémentine travaille pour un Bureau d’Étude Thermique (BET). Écologiste dans l’âme, sa mission est de favoriser la transition et de la rénovation énergétique de l’habitat. Elle participe activement à la réduction de l’empreinte environnementale des logements.