Energie & éco-construction

Concevoir le BTP selon le processus BIM

Par , le 9 mai 2022 - 4 minutes de lecture
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Pendant longtemps la construction des immeubles et autres édifices, domaine de prédilection du BTP (bâtiments et travaux publics), s’effectuait selon un schéma classique, immuable depuis des générations. Il s’agissait d’avoir une process assez linéaire, avec une idée en amont, le dressage d’un plan en deux dimensions puis en aval les travaux qui mènent au résultat final. Aussi simple et doté de bon sens qu’il puisse paraître, ce processus a rapidement révélé ses failles quant aux défis du BTP dans le monde moderne. Manque d’anticipation, oublis, défauts de conception, inadaptation aux enjeux actuels liés à l’environnement… La liste des contre-performances est longue. C’est surtout dans le BTP des bâtiments publics que cela fut criant. Une révolution destinée à réduire ces aléas s’est opérée outre-Atlantique depuis les années 1990 avec la numérisation croissante des outils à disposition des architectes et autres acteurs du secteur comme les maîtres d’œuvre : le processus BIM.

Le processus BIM : la définition

Sous cet acronyme signifie en anglais Building Information Modeling, que l’on peut traduire dans la langue de Molière comme étant la Modélisation des Données du Bâtiment. Pour simplifier, il s’agit de s’appuyer sur des plans et modélisations réalisés sur des logiciels spécialisés, afin de les représenter non seulement en 2D, mais essentiellement en 3D. L’esprit humain est alors plus en capacité de pouvoir se projeter dans ce qui n’existe pas encore : le bâtiment à construire. Grâce à la flexibilité numérique, il est désormais possible de modifier ce qui n’avait pas été anticipé ou prévu, par exemple dans le cas d’usage BIM en simulant le flux des visiteurs dans un local destiné à recevoir du public en masse, dans le cadre d’un aéroport. De plus, la maquette comprend également beaucoup de variables, permettant la prise de décisions : l’impact sur le prix de chaque élément, la potentiel énergétique, ou encore les comportements liés à chaque endroit. La modélisation prend alors vie, en regroupant visuellement toutes les informations stratégiques.

Cependant, réduire le processus BIM à une simple maquette animée serait réducteur. Il s’agit aussi de permettre une collaboration constante entre tous les acteurs du projet, pour qu’ils travaillent de concert et avec agilité durant tout le projet. Le partage des responsabilités et des limites imposées à chacun permet ainsi d’éviter bien des déboires dans la conception, puis la construction.

Qu’en retenir

Adopter le processus BIM, ce qui demande l’intervention de spécialistes expressément formés à cette technique de BTP, c’est se donner toutes les chances de réussir son projet d’ampleur en BTP. Que ce soit pour un architecte chargé de réaliser un écoquartier ou aux pouvoirs publics de penser à l’extension d’un musée innovant dans son concept, tous les acteurs sont potentiellement bénéficiaires du processus BIM dans son ensemble. Il permet une réussite collective, entièrement axée sur les utilisateurs qui vont vivre ou parcourir les lieux. Heureusement, cette véritable philosophie du bâtiment est en train de venir en Europe, en France notamment, avec déjà quelques exemples remarquables. On peut citer un terminus d’aéroport ou encore des gratte-ciels à la Défense. Pour conclure, le processus BIM permet en outre de pouvoir suivre toute la vie du bâtiment, par exemple pour le rénover ou le recycler.